Association des amis de Geneviève Gallois

« Mettez de l'empressement
à pratiquer l'hospitalité »,
Rm 12, 13

Sœur Louise-Marie Marchand
1923 - 2015

HOMELIE de Mgr Herbulot pour les obsèques de sœur Louise-Marie - 11 avril 2015

Il nous est impossible de nous taire sur
« ce que nous avons vu et entendu » 
« Allez dans le monde entier,
proclamez l’Évangile à toute la création »

Telle fut, je crois la profonde conviction de foi de sœur Louise-Marie pendant toute sa vie.

Je me souviens de son fraternel accueil lors de ma première visite à Limon. Elle était Lorraine, je suis Ardennais. Nous avions des amis communs.

Je me souviens de son jubilé fervent, qu'elle souhaitait vivre dans la discrétion. À cette occasion unique elle avait cependant accepté de reprendre son violon. Ce fut sublime.

Je me souviens de ses derniers jours au centre Desfontaines. Elle terminait sa course. Elle vivait la grande épreuve de la maladie qui, sournoisement mine l'intérieur et monte comme la mer entre les rochers. Elle traversait durement le temps où tout semble interminable.

Plusieurs fois je l'ai revue. Elle vivait les instants de l'ultime combat intérieur où s'affrontent la dure épreuve et, je crois, le profond amour. Ces éclairs de vive conscience étaient comme l'achèvement d'une vie marquée du sceau de la fidélité, une paix qui murmure en vous, au plus profond, sous le tumulte.
Frères et sœurs, je ne puis imaginer une autre fin de vie que la révélation d'un amour fort comme la mort. Un amour qui, à chaque force de la mort s'invente à la mesure de cette force, aussi fort qu'elle.
L'amour, mais c'est ce dont sœur Louise-Marie voulut toujours témoigner dans sa mission d'accueil. Pour elle, c’était vivre ce que Jésus avait dit aux onze après sa résurrection : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » Toute la création, mais c'était ce monde qu'elle accueillait, ici, à Limon. Et l’Évangile elle en était témoin par sa manière d'accueillir le frère.
Pendant quelques instants prolongeons notre méditation sur le moment où tout bascule dans l’éternité de l'Amour, de la résurrection.
La succession du temps « vie et mort » nous écartèle en permanence. Nous désirons un ailleurs qui n'est pas l'inaccessible étoile que chantait Jacques Brel. La mort de sœur Louise Marie nous rappelle que ce Jésus qui est passé parmi nous en faisant le bien, qui en est mort, a jailli du tombeau.

Il nous est impossible de nous taire
« sur ce que nous avons vu et entendu »
et que nous avons vécu…

Tableau (Eglise et maison natale)
peint par son petit frère, décédé… il y a juste un an !


Texte lu à la veillée de prière

Vers le cimetière, au cœur de notre parc…

lm 015



Que ceux qui n’ont pu être prévenus à temps,
sachent bien qu’ils étaient « présents », au cœur de notre prière communautaire…

Elle veille désormais sur chacun de nous.
Elle va sûrement « s’embaucher » à la porterie du Ciel où elle saura accueillir les nouveaux arrivants, laissant tout de même une porte ouverte pour écouter les mélodies célestes…

La musique favorise-t-elle la prière ?
Comme la beauté d'un paysage, la grandeur d'une montagne, l'immensité de la mer, la musique est fille de Dieu, créature de Dieu. Tout ce qui émeut l'âme la conduit vers Dieu... La pureté profonde d'un Jean-Sébastien Bach, l'harmonie d'un Beethoven, la délicatesse d’un Mozart sont célestes. Quand je suis venue à l'Abbaye de Limon pour la première fois, j'ai été subjuguée par la beauté du chant des moniales : chant grégorien, psalmodie latine, leur chœur uni, nuancé, dépouillé m'a saisie. Quelle belle prière, plus prenante, plus prégnante que la simple récitation vocale, sauf quand un rhume collectif ou un texte plus difficile trouble la perfection du chant, ou qu'une voisine peu musicienne s'obstine à chanter faux...Je suis violoniste et j'ai fait partie d'un bon orchestre d'étudiants. Je ne sais pas si la joie profonde que j'en éprouvais me rapprochait consciemment de Dieu : attendre l'entrée du hautbois, retrouver le chant des violons, vibrer avec la flûte, m’était « céleste ». Mais même pendant l'occupation allemande, quand je devais me cacher sous les branches d'un sapin pour ne pas être arrêtée après le couvre-feu à la sortie d'un concert qui avait lieu à trois kilomètres de la maison, je n'aurais manqué pour rien au monde cette heure de beauté. J'ai un très bel instrument : un Mirecourt signé d’un grand luthier de 1801. Quand j'interprète une œuvre dans les notes graves, c'est tout mon être qui s’unit à Dieu. 
Oui, la musique peut être prière...

Sœur Louise de Marie, moniale O S. B..

La flute de Dominique HOLLEBEKE et l’orgue de sr Marie-Emmanuelle surent s’associer
pour apaiser nos cœurs et guider notre prière au cours de la messe.


Le violon est remis à sa famille.
La Vierge à Midi
Auteur : Paul Claudel   
(Texte lu à la messe des obsèques.)

Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.

Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Midi !
Etre avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.

Ne rien dire, mais seulement chanter
Parce qu'on a le coeur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée
En ces espèces de couplets soudains.

Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,

La créature dans son honneur premier
Et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu au matin
De sa splendeur originale.

Intacte ineffablement parce que vous êtes
La Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance
Et le seul fruit.

Parce que vous êtes la femme,
L'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le coeur tout à coup et fait jaillir
Les larmes accumulées,

Parce qu'il est midi,
Parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
Parce que vous êtes là pour toujours,
Simplement parce que vous êtes Marie,
Simplement parce que vous existez,

Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !

"À 87 ans, sœur Louise-Marie a repris le violon qu'elle n'avait pu pratiquer depuis moult années... par manque d'archet ! Depuis Noël 2009... un bienfaiteur lui a réparé son archet... et elle a repris ses gammes... elle ne manque aucune occasion de nous faire profiter de son talent... durant les fêtes communautaires, mais aussi auprès de toute personnes ou groupe passant par la porterie..."

Voici donc "Le marché Persan, d'Albert Ketelbey"

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