Le 19 août 2009, en la fête de Saint Jean Eudes et
du Bienheureux Guerric d'Igny,
Sœur Marie-Patricia, Thérèse Cabaret,
a rejoint la maison du Père,
dans la 81ème année de son âge et
la 55ème de sa profession monastique.


Née à Alençon, dans l'Orne (diocèse de Séez) le 30 novembre 1928,
elle était fière d'être normande, de la même ville, et baptisée sur les mêmes fonts
baptismaux que Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, sa patronne.
Sa mère, seule pour assurer l'éducation de l'enfant, travailla avec l'énergie qui caractérisa
toute sa vie. Elle confia Thérèse à une nourrice, dont la fille, âgée de 12 ans, devint sa
marraine. Il se créa un lien quasi familial qui ne s'est jamais rompu, même avec les générations suivantes.
Puis Thérèse partit en pension. Elle en garda de bons souvenirs, en particulier des années
vécues chez les soeurs de saint Thomas de Villeneuve, à Saint Germain en Laye, où elle
rencontra le Père Pinte et un jeune prêtre, le Père Albert Malbois, qui deviendra évêque
auxiliaire de Versailles puis premier évêque du nouveau diocèse de Corbeil-Essonnes. Elle
lui écrira toujours aux grandes occasions.
Elle devint secrétaire, noua dans son milieu de travail de solides amitiés, avant de découvrir,
grâce au Père Pinte, notre communauté alors à Meudon.
Malgré l'opposition farouche de sa mère, Thérèse y entra le 15 octobre 1950.
Plusieurs soeurs portaient déjà le nom de Thérèse, elle reçut celui de Soeur Marie-Patricia.
Comme elle avait voyagé en Irlande, elle adopta volontiers ce nouveau patron.
Elle reçut l'habit le 1er juillet 1951, en la fête du précieux Sang, des mains de
Monseigneur Rodhain. Un gros problème de santé l'obligea à recommencer son noviciat, et
c'est le lundi de Pentecôte 1955 qu'elle fit profession triennale à Limon.
Un mois et demi plus tard, elle fut envoyée à la fondation d'Azérables. C'est là qu'elle
fit profession perpétuelle, le 16 juillet 1958, en la fête de notre Dame du Mont Carmel. Elle
suivit la communauté au Magnet, et, après la fermeture de la fondation, rentra à Limon en
décembre 1965. Ce furent des années difficiles à vivre, dont elle ne parlait jamais sans
émotion.
À Limon, Soeur Marie-Patricia travailla à la cuisine, au réfectoire, assura le
secrétariat de la communauté ainsi qu'une partie de la comptabilité, fut aide-cérémoniaire
puis 1ère cérémoniaire. Elle prit grand soin d'enregistrer les conférences, les chapitres, les
célébrations exceptionnelles pour que les soeurs absentes puissent les écouter. Elle réalisa
beaucoup de fascicules d'office pour la communauté et les hôtes.
Elle travailla de longues années au vestiaire, et devint sacristine.
Dans tous ses emplois, elle avait le souci de servir ses soeurs et d'accomplir au mieux ce qui
lui était demandé, essayant toujours de se perfectionner.
En 1979, Soeur Marie-Patricia tint le secrétariat du Service Des Moniales,. A cette
occasion, elle noua avec plusieurs moniales des relations fraternelles qu'elle entretint jusqu'à
sa mort. Elle aima beaucoup ce service enrichissant, mais sut aussi le transmettre quand ce
lui fut demandé.
Malgré de lourds problèmes de santé depuis sa jeunesse, plusieurs endocardites,
Soeur Marie-Patricia mena une vie régulière, avec courage et générosité. Au cours de ses
dernières semaines, elle dira : «j'ai vécu quand même normalement, je crois que j'ai fait ce
que j'ai pu, je suis allée jusqu'au bout.»
Elle fut assidue à l'Office divin, fidèle aux exercices communautaires.
Très attachée à la vie de communauté, elle aimait visiter les soeurs âgées ou fatiguées,
et prit soin, jusqu'à son hospitalisation, de notre doyenne qui prenait ses repas à côté d'elle.
Sociable malgré une surdité croissante qui la gênait et la tendait parfois, elle aimait partager
les nouvelles qu'elle recevait, raconter de petits faits concernant ses proches, raconter des
histoires communautaires. Sa façon, quasi immuable, de prendre la parole «écoutez-moi
bien !» et «je vais vous faire rire !», fait désormais partie du langage propre à la
communauté !
Lorsque sa maman mourut, en notre hôtellerie, Soeur Marie-Patricia se retrouva sans
plus aucune attache familiale, mais la famille de sa marraine et une famille amie lui
restèrent fidèlement attachées et lui firent partager les joies et soucis des nouvelles
générations, l'entourant d'affection et de présence jusqu'à sa mort.
Elle-même fut fidèle à entretenir, par la correspondance, les liens contractés au cours de sa
vie.
Il y a 4 mois, l'épreuve de santé se fit vraiment lourde et nécessita une grosse
opération. Elle fit preuve de beaucoup de patience, d'abandon dans la confiance. Elle
continua à s'intéresser aux uns et aux autres, exprimant sa reconnaissance pour les soins, sa
joie pour les visites, faisant preuve d'humour et luttant pour garder le moral «pour ne pas
peser sur les autres.» Cela marqua tous ceux qui la visitèrent dans les différents services
hospitaliers où elle fut soignée, avant de rentrer au monastère pour y vivre ses derniers jours.
Car elle vécut vraiment jusqu'au bout, souriante, accueillante à chacun. Elle s'éteignit
doucement, entourée de 3 soeurs.
La Messe de ses obsèques, présidée par le Père Reiner, notre aumônier, concélébrée
par plusieurs prêtres qu'elle avait accueillis à la sacristie, le Père Jacques, le Père Fürger,
notre ancien aumônier le Père Doré, le Père Philémon, en présence du Pasteur Joly et des
amis de notre soeur et de la communauté, fut, à sa demande, celle de son jubilé d'or, célébré
en 2005. Ce fut vraiment un temps d'action de grâces.

 

Abbaye Saint Louis du Temple, Vauhallan • mars 2017 Nous contacter