Extraits de l’homélie de Mr Jacques Dovèze,
diacre permanent de notre Diocèse.

Avec Yvette, son épouse, en amis de notre Communauté,
 ils voulaient célébrer St Louis 2009 avec  nous.

Lectures bibliques de l’Eucharistie du 25 août :

Premier Livre des Rois , chap. 3, versets11 à 14 :
Le songe de Salomon : quelqu’un marche devant, avec discernement et désintéressement.

Lettre de St Paul aux Philippiens, chap. 3, versets 8 à 14.
La véritable manière d’être juste aux yeux de Dieu, c’est d’avoir foi et d’être uni au Christ.

Evangile selon St Marc : chap.10, versets 35 à 45.
Attention aux désirs de puissance, devenir le serviteur de tous.


« Chères Sœurs, chers frères et sœurs,
Depuis 1816, la Communauté St Louis du Temple a déjà une longue histoire…
Je salue aujourd’hui sa situation exceptionnelle au milieu des chercheurs. 
Soulignons aussi son héritage extraordinaire…
Celui  de deux hommes « au service de tous », hommes d’autorité spirituelle et de pouvoir temporel, hommes qui marchent devant nous :

D’abord Saint Benoît, père des moines, patron de l’Europe, évangélisateur, «  développeur humain »  … avec une vie, une règle concrète, emprunte de sagesse, de modération, d’équilibre ; ouverte à l’innovation, à l’hospitalité, allant à l’essentiel de la vie spirituelle, bien éloignée du formalisme…   

Puis un Roi de France, Louis IX, un père, un homme de prière et de jeûne.
Un roi dominé par une volonté de justice et de paix, à l’image de Dieu.
Conduit par sa foi, aussi bien dans sa vie publique que dans sa vie privée et toujours prêt à la défendre et à la promouvoir.
Un homme d’Etat et un roi attentif aux misères.

Ce double héritage nous renvoie à notre vie sous tous ses aspects : ne sommes-nous pas  citoyen du ciel et de la terre ?
Voilà donc un moment privilégié pour vérifier ce que nous sommes vraiment…(…)
Oui, cette fête nous donne  l’occasion de relire notre alliance avec Dieu et avec les hommes.

Comment continuer notre chemin vers le salut et en saisir le prix ?
Comment mener notre course, marcher dans l’intelligence de la foi , nous laisser conduire, à l’exemple de Salomon, par le  discernement et le désintéressement  ?

Comment être lucides sur nos faiblesses et même nos tentations de puissance tels Jacques et Jean ?

Comment oublier ce qui est en arrière et rester tendu  vers l’avant, pour connaître mieux le Christ, avec comme seule et unique sécurité : la Croix…

Le Christ… Quelle est sa conception du pouvoir par exemple ?

« … les chefs des nations païennes commandent en maîtres, il ne doit pas en être ainsi parmi vous… »

C’est très actuel, il suffit de regarder autour de nous, de suivre les informations à la radio, à la télévision, dans les journaux.
Ayons l’honnêteté de reconnaître qu’au fond de notre cœur, nous sommes tentés, et nous y succombons, de dominer, d’avoir raison, d’être celui qui décide.

Dans de nombreux domaines de notre vie, l’autorité est sans appel et elle est subie..
« Il ne doit pas en être ainsi parmi vous… » dit Jésus.

Mais alors, Jésus serait-il contre les pouvoirs ?
Comprenons bien la pensée de Jésus. Elle est toujours en finesse, très équilibrée…
Il n’est pas un révolutionnaire naïf ni un anarchiste. Il ne fait pas de déclarations fracassantes sur les opprimés. Il ne prétend pas instaurer un monde sans hiérarchie. « Ni Dieu, ni maître », nous savons tous à quoi cela aboutit… !

Jésus n’est pas contre le pouvoir de façon immature ou démagogique, pourrait-on dire…
Il se proclame lui-même Seigneur et Maître mais Il se met au service de ses disciples et Il leur lave les pieds.

« Le Fils de L’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir… » nous dit l’Evangile.
Oui, l’autorité selon Jésus, c’est servir.
L’autorité, comme l’argent, n’est pas mauvaise en soi. Dans tout groupe humain il faut un responsable et pour Jésus, être responsable, ce n’est pas dominer, c’est servir.

Dans l’Eglise, les pouvoirs sont des ministères, ce qui signifie en latin  « serviteur », en grec « diaconos », serviteur, « doulos », esclave ! 

Malgré cela, on est tenté de revendiquer un pouvoir dans l’Eglise, alors que le Pape lui-même, tient à s’appeler « serviteur des serviteurs de Dieu ».

Avoir une autorité, c’est rendre auteur, c’est donner du pouvoir.
Jésus nous demande d’aller jusque-là, dans la famille, le travail, l’Eglise, la vie politique et sociale.
Jésus prend le mot autorité au pied de la lettre.  « Auctoritas » vient de la racine latine, faire croître, augmenter.
Pour Jésus donc, l’autorité est au service d’un groupe, pour aider les personnes à grandir, à devenir elles-mêmes responsables.
Le pouvoir, l’autorité, c’est écouter, comprendre, mettre en valeur, respecter les autres et non pas humilier, manipuler, dominer, rendre irresponsable ou assisté. Voilà la conception du pouvoir que Jésus nous demande d’imiter.

Jésus s’est sacrifié pour le salut des hommes.
Chaque messe nous le rappelle :  « Voici mon Corps livré » dit-il…

Prendrons-nous au sérieux l’invitation à nous livrer avec Lui ?
Saurons-nous éviter de faire l’examen de conscience des autres ?
Sommes-nous prêts à nous demander :  « Qui ai-je tendance à dominer ?
Qui ai-je à aimer, à servir, à valoriser, à promouvoir « ?

N’est-ce pas une Bonne Nouvelle pour tous ?
Une Bonne Nouvelle que Saint Benoît et Saint Louis ont su répandre ?

Alors chères Sœurs, à vous bonne fête de Saint Louis
 ainsi qu’à tous les Louis
 et aussi  à mon Père qui s’appelle Louis et qui nous a quitté cette année… »